Un triton alpestre à EEB2
Juste avant le congé de Toussaint, des élèves de S2 NLA nous ont apporté un triton alpestre trouvé sur le terrain de sport. L’amphibien s’était égaré de son habitat, la petite mare protégée qui se trouve au bout du terrain, et a été ramené en lieu sûr par Luc Van Cleemput, responsable du lieu.
Si vous trouvez un triton ou une salamandre à proximité du terrain, merci d’avoir la même réaction que Michail et ses amis : ramenez-les en lieu sûr à l’entrée de de la réserve ou apportez-les chez Mme Jeanjot (conseillère S2). Il s’agit d’une espèce protégée. La mare et l’espace protégés aménagés il y a 30 ans sur le site de l’école permettent à ce type d’animaux fragilisés par les activités humaines de survivre et se reproduire.
Parmi les amphibiens de Belgique, les tritons alpestres (Triturus alpestris) sont parmi les plus chatoyants. La coloration supérieure du corps est bleuâtre chez le mâle et verdâtre chez la femelle. Le ventre et la gorge sont uniformément orangés. Ce dernier point est important pour distinguer le triton alpestre de certaines salamandres. Généralement, c’est la géométrie de la queue qui permet d’identifier les tritons (plutôt compressée et verticale) des salamandres (plutôt cylindrique), mais pour les tritons passant beaucoup de temps sur terre, la queue s’arrondit.
Les tritons sont des représentants de l’ordre des Urodèles, c’est-à-dire des amphibiens conservant leur queue à l’état adulte. A l’exception de quelques espèces dans le nord du continent sud-américain, les Urodèles sont des animaux de l’hémisphère nord. Les Anoures (grenouilles, crapauds, etc.), batraciens ayant perdu leur queue lors de la métamorphose, au contraire, sont les plus abondants dans l’hémisphère sud.
Comme tous les amphibiens, les tritons sont dépendants des points d’eau tels que mares, étangs, bassins pour tout ou une partie de leur cycle de vie. Ils possèdent un cycle biphasique, avec une phase terrestre (adulte) et une phase aquatique (ponte et larve). De plus, comme de nombreux représentants du groupe, les tritons métamorphosés (adultes) passent beaucoup de temps hors de l’eau. L’installation d’un réseau de points d’eau permanents de bonne qualité est aujourd’hui reconnue comme une condition indispensable à la préservation de ces animaux
La reproduction des tritons est ovovivipare, c’est-à-dire qu’après la fécondation, les œufs se développent et éclosent dans le ventre de la femelle. Les petites larves naissent déjà formées, assez semblables aux adultes, exception faites de branchies extérieures bien visibles.
Les animaux adultes sont principalement terrestres mais ils ne s’éloignent généralement pas de plus de 150 m de leur lieu de reproduction. Ils vivent dans la litière du sol, à la recherche de nourriture : vers, collemboles ou cloportes. Ce sont typiquement des animaux ubiquistes à partir du moment où le plan d’eau nécessaire à la reproduction est pauvre en poissons.
Tout comme les salamandres, les tritons possèdent des couleurs aposématiques, avertissant les prédateurs d’une certaine toxicité.
Les tritons et l’ensemble des amphibiens sont des espèces protégées par différents décrets et arrêtés royaux belges. Leurs habitats également font l’objet de protection notamment grâce au réseau Natura 2000 qui cumule 320 000 hectares dans les 3 régions de Belgique.
En effet, les amphibiens sont des animaux extrêmement menacés par l’expansion des activités humaines, l’usage de pesticides, l’asséchement des zones humides, la circulation routière. La création et le maintien de réserves naturelles comme celle de l’école sont indispensables à la préservation de ces animaux essentiels aux équilibres des écosystèmes naturels.
Enfin, depuis 2012, un nouveau danger s’est abattu sur les tritons et les salamandres : le Batrachochytrium salamandrivorans (Bsal), un champignon microscopique pathogène très certainement arrivé par le commerce de salamandres asiatiques et particulièrement virulent à l’encontre de notre triton alpestre. C’est l’université de Gand, en 2013, qui a identifié cet agresseur, alors qu’il avait ravagé en moins de 4 ans l’ensemble des populations de salamandres tachetées hollandaises.
Source : Nicolas Duquenne, professeur de biologie
